two plus two equals five (cooper)

Depuis qu’elle est toute petite, Perry a l’habitude d’emmener Siobhan jouer au jardin botanique. Il trouve l’endroit agréable et il y a toujours d’autres enfants avec qui elle peut s’amuser. Ce jour-là, il a aussi Luke avec lui, qui a neuf ans maintenant et qui, une fois passée la barrière de la nouveauté, s’est très bien entendue avec sa demi-sœur. La petite famille du jeune homme est bien bordélique, une première fille qu’il a adopté suite au décès de sa sœur et qui vit à présent pleinement son adolescence, pour le plus grand bonheur et malheur de son père qui essaie de toujours paraître cool même si elle le trouve un peu trop boomer parfois. Et puis ensuite il y a Luke dont il n’a appris l’existence qu’il y a deux ans et avec qui il tente de rattraper le temps perdu. Et enfin, Siobhan, la petite dernière qui a bientôt sept ans et qu’il n’a pas vu grandir. Si au départ il ne s’imaginait pas père, il a finalement pris à cœur son rôle et aimerait bien être à nouveau père et vivre l’expérience pleinement, pouvoir suivre la grossesse, assister à la naissance et à toutes les étapes qui suivent. Mais pour l’instant cette idée reste un rêve et il essaie déjà de bien s’occuper de ses trois petits du mieux qu’il peut. Les sorties au parc ne sont pas seulement une occasion pour ses enfants de s’amuser avec leurs copains, mais aussi une pour Perry de pouvoir passer du temps avec les siens, eux aussi parents. Ce n’est pas toujours facile de se dégager du temps sans les enfants alors autant faire d’une pierre deux coups. Il a prévu de voir son ami Cooper, dont le fils Henry est dans la même classe que Siobhan. C’est comme ça qu’ils se sont rencontrés, en allant aux mêmes réunions, à la sortie de l’école. Il n’en faut pas beaucoup au jeune homme pour aller vers les autres, il adore discuter, il connaît toutes les personnes qui sont à la sortie de l’école ! « Salut ! » dit-il en le voyant arriver. « Je regrette vraiment qu’il y ait pas plus de toboggans pour adultes ! Déjà que les enfants c’est une bonne excuse pour squatter les leurs mais bon ça serait mieux un truc un peu plus adapté à notre taille. » Il avait déjà eu l’idée de faire une grande fête avec des châteaux gonflables, l’idée ne l’a pas vraiment quittée.

Entre sa formation, les enfants et le retour de Frankie, c’est comme si Cooper n’avait pas eu un moment pour lui. Peut-être que physiquement, il avait réussi à se reposer un peu, mais son esprit avait été en alerte depuis quelques semaines, lui donnant la fâcheuse impression de couler. Clairement, cumuler tout ça, ce n’était pas bon pour sa santé mentale. Le policier avait tout de même de la chance dans cette histoire, c’est celle d’être bien entouré. Que ce soit la famille ou les amis, il avait de quoi extérioriser et prendre un peu de temps pour lui. Cette après-midi ne faisait pas exception alors qu’il marchait tranquillement avec les enfants pour rejoindre le parc botanique. Quoi qu’il se passe dans sa vie, voir le sourire sur les visages de ces deux bambins le remplissait toujours d’un bonheur intense. Cet épuisement qu’il ressentait, c'était pour une cause plus grande que lui, c’était pour le bonheur de ces deux petits monstres. Pour le coup, cet après-midi, c’était faire d’une pierre de coup. D’un côté, il passait du temps avec les enfants et de l’autre, il allait pouvoir discuter tranquillement avec Perry qu’il rejoignait bien vite une fois les portes du jardin passées. N’étant pas de Bowen de base, Cooper était bien content d’avoir pu créer des affinités avec les autres parents d’élèves. Tous avaient le même genre de problématiques, à des niveaux différents bien évidemment, mais ça faisait du bien de pouvoir discuter avec quelqu’un qui vit la même chose que soi. Assez vite, Henry lâcha son père pour aller jouer avec Siobhan, la fille de Perry, alors que Maya, elle, était encore un peu dans l’observation des lieux. “Salut !” Dit-il avec entrain, affichant un grand sourire à son ami. “Ce serait un bon projet. Un parc pour adultes à côté d’un pour enfant.” Remarqua le policier. Un petit sourire amusé perça son visage. “Possible que ça me donne beaucoup de boulot et aux ambulances aussi. Mixer toboggans géants et parents qui sont susceptibles de boire du vin en allant dessus, ça m’a tout l’air d’être un poil dangereux.” Un petit rire filtrait entre ses lèvres alors qu’il se plaçait près de son ami. Il prit le temps de se pencher un peu pour dire à Maya d’aller jouer avec son frère. Pas de doute qu’elle allait faire sa vie peu de temps après, mais elle avait souvent besoin de se mettre en confiance avant de devenir une tornade. Un baiser sur son front plus tard et il relevait la tête vers Perry. “S’ils continuent de grandir, on aura bientôt plus d'excuses, cela dit.” Ajouta-t-il en regardant sa petite dernière s’éloigner en courant. C’est comme s’il était déjà un peu nostalgique d’une époque qui n’était pas encore passée.

tw : alcool

Les enfants c’est une bonne excuse pour Perry pour rester un gamin. S’il va au parc d’attraction, dans les châteaux gonflables ou qu’il regarde des dessins animés pour enfants en mangeant des céréales c’est uniquement pour faire plaisir à ses enfants. Les gens qui le connaissent savent que c’est faux, qu’enfant ou pas, il resterait un gamin quoi qu’il arrive. Et puis il n’a absolument pas honte de lui alors dire haut et fort que Bob l’éponge est son dessin animé préféré et qu’il le regarde presque tous les jours, ça ne le dérange pas plus que ça. Comme beaucoup, il a remarqué ça en discutant avec les gens autour de lui, il trouve ça scandaleux que les trucs réservés aux adultes soient souvent plus ternes, plus triste et que le fun semble avoir disparu en même temps qu’est apparu la première feuille d’impôts. Où sont donc les t-shirts rigolos avec des dinosaures pour adultes ou les châteaux gonflables king size ? Enfin pour s’être renseigné, il a vu qu’il est possible d’en louer, pour des mariages ou autre. C’est presque la seule raison qui pourrait le pousser à se marier un jour, même si pas besoin de mariage pour louer un château gonflable. Cooper semble être d’accord avec lui, de quoi rendre cette idée de parc pour adulte presque à l’état de projet qu’il pourrait lancer. Mais son ami est un peu plus responsable et terre à terre que lui, expliquant que si l’alcool est permis, les accidents risquent d’être plus nombreux. « Ouais p’t’être, ‘fin j’pense surtout que certains finiront par vomir mais à part ça, j’pense que c’est plutôt safe. » Il n’est pas vraiment inquiet, se disant qu’il n’y a pas de raison que les choses tournent si mal. « C’est sans doute un peu trop léger comme excuse pour refaire un enfant...juste pour pouvoir profiter des activités d’enfants encore un peu plus longtemps. » C’est un certain investissement pour juste pouvoir aller faire du toboggan mais ce n’est pas seulement pour ça que Perry voudrait un autre enfant. Il est certes irresponsable et immature, mais il n’irait pas faire tout un tas de démarche dans le seul but de pouvoir continuer à des jeux d’enfants. L’idée est présente depuis un moment mais sa vie amoureuse relativement chaotique l’a empêché de penser sérieusement à ce projet. « Mais ouais, ils vont continuer à grandir, j’ai pas trop de doute là-dessus et ça me fait trop bizarre de les voir tout grands maintenant alors que j’ai l’impression qu’ils ont fait leur rentrée à l’école il y a pas longtemps. » Même s’il n’y a que Siobhan qu’il connaît depuis la naissance dans ses trois enfants, il les a tout de même vu grandir.

Cooper, ce n'est pas vraiment un grand enfant. Bien évidemment qu’il sait s’amuser et que l’idée de Perry elle lui plaisait bien, mais lui, ça a toujours été le responsable. Peu importe l'âge, peu importe le groupe avec qui il était, Cooper, c’était déjà le papa du groupe avant l’heure. Il réfléchissait déjà aux potentielles dérives, bien conscient qu’une bande d'adultes alcoolisés pouvait parfois être plus compliquées à gérer qu’un groupe d’enfants. “Un peu chaotique, mais le fun en vaudrait bien la peine.” Concéda-t-il en riant. Il imaginait des trentenaires et des quarantenaires en train de se rentrer dedans dans un château gonflable et mine de rien, ça lui donnait envie. Il riait ensuite à la seconde remarque de son ami. “Beaucoup de responsabilités, c’est certain, mais t’aurais plus d’avantages que juste les activités d’enfants.” Dit-il avec un grand sourire. Il se doutait bien de la position de son ami sur les enfants et qu’il n’en ferait pas d’autres juste pour cette raison. Il était même un peu curieux de savoir si cette phrase relevait juste de la blague ou s’il avait réellement une envie sous-jacente d’un enfant supplémentaire. Tous deux se retrouvaient déjà assez nostalgique du temps qui filait, sûrement à raison. Ils avaient la chance d’être témoins de la vie qui s’écrivait pour leurs enfants respectifs, mais ça n’enlevait en rien cette sensation de sablier qui s’écoule toujours un peu trop vite. “Peu importe l'âge, je pense que ça ne va pas aller en s’arrangeant malheureusement.” Répondit Cooper en grimaçant. Il ne pouvait que s’imaginer son ressenti futur, mais chaque nouvelle étape semblait être reliée à ce premier jour d’école, quoi qu’il arrive. Un souvenir bien trop ancré dans son esprit. “Même s’il y a peut-être des périodes plus simples que d’autres. Comment ça se passe avec Siobhan en ce moment ?” L’adolescence, une période compliquée en termes de dialogue, autant d’un côté que de l’autre. Pour le policier qui avait des enfants encore en bas âge, ça représentait un bien grand challenge.

Pour le fun, Perry fait passer beaucoup de choses au second plan. Il ne vit pas uniquement pour l’amusement mais ça le guide beaucoup. Il déteste se prendre la tête et réfléchir à la logistique pour gérer un château gonflable pour adultes, ce n’est clairement pas son truc. Si cet événement devait se faire, ça ne serait certainement pas lui qui irait faire la police ou que tout se passe bien, il s’amuserait sans se soucier de rien d’autre. « Comme souvent ! » répondit-il avant qu’il n’évoque le fait de faire un enfant que pour continuer à avoir une excuse pour agir comme tel. L’idée lui tournait de plus en plus dans la tête, pas pour cette raison bien sûr et l’idée de concrétiser cette pensée également. Il sait que même s’il a quelqu’un pour partager sa vie, ça ne sera jamais une personne avec qui il pourra avoir un enfant naturellement, du moins il y a très peu de chance que ce soit le cas. S’il est bi en ce qui concerne le sexe, il a compris que question amour, il se projette plus avec un homme même si pendant bien longtemps il ne se projetait pas du tout. Il se dit donc qu’il peut déjà se renseigner sur les démarches, le temps que tout se mette en place, il aura peut-être quelqu’un avec qui partager ce projet. « Tellement...genre la carte famille nombreuse. » dit-il pour rigoler. Il n’a aucune idée de s’il pourrait avoir droit à quelque chose du genre et ça ne l’intéresse pas vraiment. Cooper ne le rassura pas vraiment sur le fait que ses enfants, leurs enfants même, vont continuer à grandir et qu’ils ne seront plus jamais les petits un peu perdus qu’ils ont emmenés à l’école pour la première fois. Sachant que Siobhan vit une période un peu compliquée en ce moment, son ami le questionna dessus. Paradoxalement ce n’était pas l’adolescence de Penny qui lui donnait le plus d’inquiétude ces derniers temps. Elle a eu une période un peu plus rebelle il y a quelques mois mais elle a toujours une fille facile à vivre qui a très tôt fait preuve d’une grande maturité. Alors que Siobhan, elle a beau être entrée en cp seulement cette année, son caractère semble de plus en plus s’affirmer. « C’est toujours un peu compliqué, Ais pense que je m’inquiète trop mais moi j’ai peur qu’il y ait un truc à l’école où je sais pas qui ferait qu’elle fait des crises et tout. Mais je crois que quand elle est chez Aisling ça se passe mieux du coup c’est p’t’être moi. » expliqua-t-il, toujours un peu inquiet. Aisling, la mère de Siobhan, a essayé de le rassurer là-dessus, lui qui n’a eu comme exemple que celui de Penny qu’il a adopté au même âge et qui a été très facile à vivre.

Avoir des enfants, ça avait toujours été un rêve pour Cooper, sans même qu’il n’en prenne conscience. Il ne s’était jamais vraiment imaginé père avant que ça n’arrive. Avant que Frankie lui annonce être enceinte. C’est à ce moment-là qu'il a compris. La joie immense qui l’a envahi à la simple vue d’un test de grossesse positif, c’était la première révélation de sa vie. Depuis, malgré les tribulations de son couple, une constante est restée : l’amour infini et la joie de voir grandir ses enfants. “T’es pas si loin pour l’avoir en plus ! Encore un petit effort.” Dit-il en riant alors que Perry évoquait la carte famille nombreuse. Ce n’est qu’une blague et surtout un bout de papier, mais dans le fond ça voulait aussi dire avoir une petite tribu, et cette idée-là, Cooper la trouvait bien charmante. Après tout, il n’y a rien de mieux qu’une flopée d'enfants pour égailler une pièce. Forcément, que ça demandait aussi beaucoup de travail et d’apprentissage sur soi en tant que parent, mais les bons moments effaçaient toujours les difficultés et la fatigue. La parentalité, ça demande une adaptation au quotidien et surtout à chaque enfant. Rien qu’avec ses deux à lui, Cooper le ressentait, ayant deux opposés en guise d’enfant. Perry, lui, avait aussi différentes tranches d'âge et donc des expériences d’autant plus variées. “L’inquiétude, c’est normal. C’est bien notre rôle de nous en faire tout le temps.” Dit-il avec un léger rire. “J’ose croire que ça leur montre aussi qu’on tient à eux, mais peut-être qu’il faut réussir à cacher cette inquiétude pour leur bien aussi.” Ajouta-t-il en levant les épaules. Il n’y a pas vraiment de manuels pour ces choses-là, juste de l’apprentissage sur le tas. Il ne s’en faisait pas vraiment pour son ami, Cooper. C’est bien pour ça qu’il venait lui tapoter sur l’épaule en souriant. “Elle est bien entourée. Toi aussi. Ça ne va peut-être pas être simple au début, mais tu vas réussir à trouver la bonne recette pour vous.” Dit-il, assez confiant. L’important, c’était surtout d’essayer et de réussir à se remettre en question lorsque c’est nécessaire.  

Avoir un nouvel enfant, ça semble si proche et en même temps si loin pour Perry. Il se dit qu’il est prêt à accueillir un nouvel enfant dans sa famille, à l’agrandir un peu plus, à voir un nouvel être grandir à ses côtés mais pourtant, il n’a personne avec qui faire ça simplement. Qu’il soit seul ou avec Jackson, avoir un enfant est un parcours semé d’embûche qui demande beaucoup de courage, de patience, de temps et Perry n’est pas du tout quelqu’un de courageux ou patient, alors il ne fait rien, pour ne pas mettre des espoirs dans quelque chose qui a des chances de ne pas aboutir. Alors il rit à la réflexion de Cooper et remet à nouveau dans un coin de sa tête l’idée d’en voir une nouvelle pointer dans sa famille. Il a déjà ses trois enfants pour le combler et il se dit qu’il peut s’en contenter, il est très heureux avec eux, même si comme il le confie à son ami, inquiet aussi parfois. « Ouais, y’a un temps où j’crois que Penny s’inquiétait plus pour moi que l’inverse, elle a toujours été hyper mature mais maintenant c’est mon tour d’être un peu mature aussi et de m’inquiéter pour eux. J’essaie de pas leur montrer ouais. » Il avait vingt-trois ans quand Penny est arrivée dans sa vie, suite au décès de sa mère, la sœur de Perry, elle avait cinq ans et déjà beaucoup trop de choses vécues. Quand il n’allait pas bien, c’est elle qui l’a aidé, avec sa maturité et sa naïveté d’enfant, elle a été là, parfois plus qu’il n’a été là pour elle parfois. Depuis, il veut être toujours présent pour ses trois enfants, prendre soin d’eux et essayer de rattraper les moments où il n’a pas été là, pas été suffisamment présent pour eux. En ce moment c’est Siobhan qui l’inquiète mais il se fait peut-être du soucis pour rien. « Je pensais l’avoir trouvée mais j’crois qu’elle change à chaque fois qu’elle grandit. J’pense que sa crise d’ado ça va pas être la même que Penny ! » dit-il en riant malgré tout, Penny étant en pleine adolescence mais relativement sage, de ce qu’il sait en tout cas, notamment s’il compare à lui au même âge. Quand il est revenu s’installer à Bowen, il a fallu que sa fille se réhabitue à voir son père plus souvent, qu’il recolle les morceaux avec Aisling également mais depuis tout roulait bien pour eux, ils avaient trouvé leur rythme avec une semaine chez l’un, une semaine chez l’autre et ça semblait aussi aller à Siobhan. « Toi t’as l’air de bien gérer tout ça. »

C’était pas mal instructif de pouvoir parler de ce genre de sujets avec Perry. La parentalité, c’est sûrement un des sujets les plus complexes qui existe tant il y a des façons d’être parent qu’il y a d’enfant. Cooper, il était laissé à lui-même depuis pas mal de temps maintenant, alors heureusement que niveau famille et ami, il avait de quoi faire. Le souci de bien faire les choses, c’est une question récurrente chez lui, comme chez beaucoup de gens. En parler avec Perry, ça permettait aussi de mettre des mots sur des inquiétudes bien légitimes. “L’inquiétude, c’est une forme d’amour, même si je comprends parfaitement cette envie de garder ça pour toi. On a notre rôle à jouer en tant qu’adulte, mais on n'est pas toujours prêt à affronter ce qui nous tombe sur la tête.” Avoir des enfants jeunes, ça apporte son lot de challenge, des responsabilités supplémentaires que la plupart des personnes du même âge n’avait pas. Cooper, il ne se sentait pas trop concerné là-dessus, ayant eu Henry à l’âge de vingt-sept ans, il se sentait prêt. C’était l’âge parfait pour lui, déjà bien dans ses baskets et mature, il avait su accepter cette petite surprise comme un cadeau du ciel. D’autres n’avaient pas la chance d’être aussi préparé que lui à ça, et finalement, avec le temps, il arrivait un peu plus à le concevoir. D’où l’importance de trouver son propre rythme, celui qui correspond pile au parent et à l’enfant. “Elle va t’apprendre à devenir bien résilient, c’est sûrement une bonne chose.” Dit-il en riant doucement. Il n’allait pas être en reste lui non plus avec sa petite dernière. Encore quelques années et il se retrouvera très certainement dans la position que Perry. C’est pour ça qu’il souriait, un peu amusé par la dernière remarque de son ami. “Pour l’instant oui. Enfin… J’avais trouvé un rythme après le départ de Frankie. Difficilement. Et là, son retour, j’sais pas bien ce que ça va donner.” Admit-il en grimaçant. Entre faire les choses à deux, puis tout seul et de nouveau à deux, ce n’était pas évident pour lui de savoir sur quel pied danser. “J’essaye de protéger les enfants au maximum, la situation n’est pas idéal, mais on fait avec.” Pas vraiment le choix de toute manière, il était mis face à la situation, sans que beaucoup d’options s’offrent à lui.

Savoir qu’il n’a pas à être parfait, ne pas toujours réussir à cacher ses inquiétudes à ses enfants, ne pas toujours savoir comment réagir et toujours être en partie immature, ça rassure Perry. Il sait que s’il n’a pas été un super papa tout de suite, il s’est bien amélioré et qu’il peut être fier de lui aujourd’hui et de sa manière d’élever ses enfants. Il leur donne tout l’amour qu’il peut et les aime plus que tout, ça ils le savent bien et il se dit que c’est le plus important, savoir qu’il est là pour eux et que si parfois il doit se montrer un peu moins sympa, ce qui arrive rarement, ils peuvent compter sur lui quoi qu’il arrive. Quand ils font une bêtise, il les dispute un peu, parfois juste pour la forme pour ne pas qu’ils continuent à en faire, mais en général il préfère discuter, dialoguer, comprendre, sachant bien que les punitions et les disputes, ça ne mène pas à grand-chose. Lui-même était très turbulent étant enfant et le disputer n’a jamais réussi à le dissuader de faire des bêtises, peut-être que si on l’avait écouté, lui avait parlé, les choses auraient été différentes. « Et puis j’pense que c’est important de leur montrer que bah nous aussi on fait des bêtises des fois ou on est tristes tout ça, j’pense que ça nous fait être plus proches d’eux aussi. » Certains spécialistes de l’éducation trouveraient sans doute sa manière de faire pas du tout adaptée mais lui sent que ça fonctionne plutôt bien, que ses enfants ont l’air plutôt épanouis, même si Siobhan se montre plus colérique que les deux autres. Cooper le rassure même si Perry n’a aucune idée de la signification du mot résilient, mais il imagine que comme il lui dit, c’est une bonne chose. Son ami lui explique qu’il avait réussi à trouver un bon rythme après le départ de sa femme mais qu’à son retour, il a dû de nouveau s’adapter. « Ouais c’est ça, faut pas que ça retombe sur eux. Faut faire les choses à leur rythme aussi. » Il sait que ce n’est pas toujours simple de se montrer patient. Quand Ruby a redébarqué dans sa vie avec à ses côtés Luke, son fils dont il ignorait l’existence, il a voulu rattraper le temps perdu. Heureusement Ruby lui a imposé d’y aller doucement pour ne pas brusquer leur fils qui venait juste de rencontrer son père. « Et toi ça va ? Tu t’en sors avec tout ça ? »

Avec un point de vue d'adulte, ce n’est pas toujours simple de trouver un bon équilibre avec les enfants. On a tous été à la place des enfants, mais réussir à s’en souvenir une fois parent, ce n’est pas le plus évident. Le sens de responsabilité prend parfois trop de place. En-tout-cas, c’était comme ça chez Cooper. Il ne pouvait qu'acquiescer aux paroles de son ami, conscient qu’il surprotégeait un peu trop ses petits parfois. “Chaque enfant réalise à un moment que ses parents ne sont pas parfait. Autant les habitués progressivement en ayant les bonnes discussions.” Approuva-t-il. Depuis le départ de sa femme, Cooper avait été en plein dedans. Son fils avait fréquemment des questions à ce sujet et plutôt que d'esquiver, Cooper mettait un point d’honneur à trouver les mots, à faire cet effort pour lui, pour qu’il comprenne qu’il n’est pas seul dans cette épreuve et que lui aussi se sent triste parfois. Un dialogue ouvert, basé sur les émotions. “J’aimerais leur parler de ça, il faut juste que je trouve comment. J’aimerais bien le faire en douceur.” Expliqua-t-il. “Si t’as des conseils là-dessus, je suis preneur.” Ajouta-t-il avec un petit rire. Même si leurs situations étaient différentes, c’était aussi une bonne chose d’avoir l’avis du parent qui a loupé quelques années. “Je sais pas, c’est difficile à dire. J’aime bien savoir que je suis en contrôle de la situation et là, c’est encore beaucoup trop flou pour ça.” Un jour, il allait se sentir plus à l’aise, il en était certain, mais pour le moment, le brouillard ne s’était pas totalement dissipé. Obligé d'avancer à tâtons, le policier espérait un jour se sortir de ça.

Ne pas être parfait, montrer ses failles, Perry pense qu’il l’a suffisamment fait avec ses enfants, parfois trop, surtout avec Penny. Et s’il leur cache forcément des choses, il essaie aussi de leur parler quand des choses vont pas, pour qu’ils puissent avoir confiance si eux ne vont pas bien, qu’il saura être là pour les écouter. Le fait de vivre en colocation avec plein de monde, fait que ses enfants ont des interactions avec beaucoup de monde et sont proches de personnes aux personnalités différentes, ils voient beaucoup d’interactions entre adultes, de gens leur rendre visite, ils baignent dans ce monde d’adultes joyeux mais pas toujours rose. « Ouais, faut pas non plus trop les brusquer mais faut pas leur faire croire que tout va toujours bien. » approuve-t-il. Si pour Perry, les choses se sont plutôt stabilisées avec les enfants, même si Siobhan semble rentrer dans une phase où elle fait beaucoup de crises et où Penny est en pleine adolescence, pour Cooper, les choses ne sont pas simples à gérer avec le départ de sa femme. En plus de ne pas être facile à vivre pour lui, elle ne l’est pas non plus pour ses enfants. « Faut trouver le bon moment et pas insister si tu sens qu’ils veulent pas écouter, faut les encourager à parler s’ils en ont envie et je pense que ça viendra naturellement après. » Il se dit qu’il n’est pas le mieux placé pour conseiller, même s’il a des enfants, il se sent toujours un peu illégitime sur ces questions. Perry s’intéressa ensuite à l’état de Cooper, parce qu’il faut aussi qu’il pense à lui, pas uniquement à ses enfants. Cooper a du mal à lâcher prise et à ne pas contrôler alors que pour Perry, ce n’est pas un problème, il n’a aucun mal à ne pas contrôler quelque chose. « Faut que tu retrouves ton équilibre. Et j’pense qu’essayer de faire des trucs différents ça peut aussi t’aider à genre sortir un peu de la routine où vous étiez tous les deux et te trouver un nouvel équilibre rien qu’à toi et aux enfants. »

Trouver le bon dosage avec les enfants, c’est toujours quelque chose de complexe. Chaque enfant est différent, mais chaque parent aussi. Ce qui pouvait fonctionner pour Perry ne fonctionnerait pas forcément pour Cooper et inversement. Tout ce qu’ils pouvaient faire en tant que père, c’est s’adapter au mieux et trouver ces solutions qui amèneraient le dialogue et un environnement sain. Cooper n’avait pas forcément le meilleur exemple pour ça, son père étant sûrement trop strict et détaché, mais ça n’empêchait pas le policier d’essayer de faire mieux. Cette envie de bien faire avait toujours été là, mais elle avait forcément été accentuée au départ de Frankie. Les conseils de Perry, Cooper les prenait avec grand intérêt. Ça confirmait pas mal ce qu’il avait déjà en tête, mais au moins, ça prouve qu’il est sur le bon chemin. “J’ai surtout peur qu’ils s’emballent. Qu’ils commencent à trop se projeter et que potentiellement, ils soient encore déçus par la suite.” Annonça-t-il en grimaçant. Le retour de leur mère n’était pas une mince affaire. Encore en bas âge, Cooper doutait grandement de leur capacité à prendre les choses lentement. Pourtant, ce n’est pas en leur cachant tout ça qu’il allait en avoir le cœur net. Que ce soit avec Henry ou Maya, de toute façon les réactions risquaient d’être différentes. Ce n’est pas à une situation qu’il allait devoir s’adapter, mais bien deux. En plus de quoi, il avait aussi le risque de se perdre lui-même dans le process. Il devait lui aussi faire face à ses émotions. “C’est plus facile à dire qu’à faire.” Dit-il en riant. Forcément, sur le papier, tous les conseils de Perry étaient valables. Cooper savait pertinemment que c’était ça la bonne solution, mais entre le savoir et le faire, un monde se créait. “J’ai mis tellement de temps à retrouver un équilibre à son départ. Je suis un peu fatigué de devoir toujours faire des efforts là-dessus, pour être complètement honnête.” Il avait discuté avec Frankie, il comprenait un peu mieux les raisons de son départ, mais une part restait accrochée à ce sentiment d’injustice. Quand c’est toujours à la même personne de faire des efforts et de s’adapter, ce n’est pas forcément juste, à ses yeux. “Mais bon, ça va le faire, il faut juste un peu de temps. Je suis content que les enfants aient un cercle tout de même solide autour d’eux.” Ajouta-t-il en soupirant. Il lançait vers Maya un regard attendri, tout de même content de voir qu’il arrivait à préserver l’innocence et la joie de sa fille dans de telles conditions.

La parentalité de Perry ne ressemble en rien à une parentalité classique et traditionnelle, avec un couple hétéro qui vit ensemble dans une petite maison qu’ils viennent d’acheter et qui sont le plus souvent mariés. Non lui est père de trois enfants, de trois mères différentes, dont un dont il n’est même pas le père puisqu’il a adopté la fille de sa sœur décédée. Il ne vit pas non plus dans une petite maison de banlieue mais dans un appartement en colocation avec ses amis à la vie familiale aussi chaotique que la sienne, avec des enfants en garde partagée de tout côté. Aucun n’est vraiment à cheval sur l’organisation et heureusement parce qu’il est quasiment impossible de savoir combien de personnes seront là pour le dîner, les gardes changeant sans cesse et pas toutes avec le même intervalle. A cela il faut ajouter les sorties des uns et des autres, les changements de planning, un joyeux bordel ! Mais Perry adore cette vie et il n’a aucune envie d’en changer pour un petit couple rangé, encore moins hétéro, où il ne vivrait pas avec ses amis. Pourtant il passe de très bonnes soirées avec Jackson et il se sent bien avec lui, mais vivre seulement avec lui et les enfants lui semble impossible, au moins pour l’instant, il changera peut-être d’avis un jour. Sachant sa vie bien différente, il écoute Cooper et tente de le conseiller, sachant qu’en plus d’avoir une vie bien différente, il est rarement de bons conseils. « Ah bah ça, ça arrive à tout le monde, pas que aux enfants ! » le rassure-t-il. Tout le monde s’emballe parfois et finit déçu. C’était justement cette peur de la déception qui l’a empêché pendant un long moment de se lancer dans une relation amoureuse. Perry continua en essayant de dire à son ami de se créer une routine sans sa femme, quelque chose qui ne lui rappelle pas sans cesse son souvenir mais Cooper lui réplique qu’il en a marre de toujours faire des efforts. « Ouais j’comprends. C’est pas à toi de toujours t’adapter. Fin tout faire pour que les enfants soient bien, que toi tu sois bien, au bout d’un moment ça épuise quoi...j’imagine. » Il essaie de se mettre à sa place, de comprendre un peu ce qu’il peut ressentir. « C’est ça, tu peux compter sur d’autres personnes aussi, t’as pas à tout porter toi. Si tu veux qu’on s’fasse une sortie avec eux autre que juste aller jouer au parc, j’suis là. Et puis ça pourrait leur faire plaisir d’aller faire un tour à la fête foraine ou au parc aquatique. » Clairement Perry est un papa poule qui a tendance à un peu trop gâter ses enfants, à leur faire faire des sorties fun tous les quatre matins, en partie parce que lui aussi il trouve ça très marrant.

Cooper, ça a toujours été le gars qui planifie, qui structure et qui sait où il va. C’est comme ça qu’il se sent à l’aise, dans sa routine et son cadre. C’était d’autant plus vrai depuis la naissance des enfants. Tout ce qu’il fait, il le fait pour eux. Ça avait commencé par son déménagement à Bowen et son changement de carrière. Sauf que depuis le départ de Frankie, ça avait mis bien trop d'incertitudes dans son quotidien et sans son équilibre habituel, il se retrouvait un peu perdu. Avec son retour, c’était la même chose et bien qu’il parle des enfants, lui aussi pourrait bien se faire des fausses joies. Il était seulement plus mature et plus au courant de l’histoire, c’est bien la seule chose qui le protégeait encore un peu. Alors il grimaçait simplement, pas prêt à la possibilité d’être lui-même déçu. Être toujours celui qui fait des efforts, qui s’adapte et qui subit les conséquences, ce n'est pas évident. “Après, je dis ça, mais si c’était à refaire, je referais tout pareil.” Concéda-t-il. Oui, la situation n’était pas simple, mais rien qu’en posant le regard sur son fils et sa fille tous les jours, il savait que son choix de vie avait été le bon. Puis la famille et les amis sont là, il faut voir le bon côté des choses. “C’est une super idée !” Dit-il après que son ami ait proposé d’aller faire des activités avec les enfants. “On se relayera pour faire les attractions à sensation, pendant que l’autre s’occupe de toute la troupe.” Ajouta-t-il en riant. Si ça l’amusait de voir ses enfants faire les petites attractions et prendre du plaisir, mine de rien, lui aussi aimait ce genre de parc. Ça peut être un peu frustrant parfois de rester dans les petits manèges en voyant les autres dans des montagnes russes. “Je suis certain que ça va les ravir.” Dit-il en portant un regard attendri vers l’aire de jeu. “Ça pourrait être fun, un jour juste après l’école, en mode surprise.” Cooper étant Cooper, il était assez rapide à s’organiser et faire des plans. Surtout lorsqu’il imaginait le sourire sur le visage de ses deux loulous. Quand il s’agit de faire plaisir à leurs enfants, Perry et lui était bien similaire.

S’il y a bien un point où Perry est d’accord avec son ami, c’est que si leurs choix de vie les avaient fait éviter du malheur mais qu’ils n’auraient pas eu leurs enfants, ils n’auraient jamais choisi cette option. Tout n’est pas toujours rose, tout n’est pas toujours parfait, les enfants c’est des hauts et des bas mais il voit bien que dans son quotidien ils lui apportent beaucoup de joie et de bonheur. Les choses n’ont pas toujours été simple, ses enfants n’ont jamais pu avoir une vie de famille traditionnelle mais il a toujours tout fait pour qu’ils s’épanouissent le plus possible, bien entourés et avec des gens bienveillants autour d’eux. « La vie qu’on a est finalement pas si mal, surtout avec eux qui en font parti. » relativisa-t-il, surtout que pour Perry, les problèmes ne sont pas trop présents dans sa vie. Bien sûr il y a bien quelques trucs qui font qu’elle n’est pas parfaitement parfaite, mais il n’a pas de gros problèmes à gérer, un divorce et des enfants entre deux dont il faut continuer à prendre soin malgré le chaos autour. Il n’a clairement pas à se plaindre, même s’il aime bien le faire en temps que vrai drama queen. Mais pour sortir Cooper de son quotidien, lui changer les idées et aussi le soulager un peu de devoir gérer les enfants, Perry lui propose une sortie pour faire plaisir à tout le monde, un truc qui les change du quotidien et qui mette du baume au cœur à tout le monde. Penny ne sera peut-être pas intéressée pour venir, préférant aller à la fête foraine avec ses amis plutôt qu’avec son père, mais il pourra y emmener Luke et Siobhan. Son ami est partant pour l’idée, proposant de se relayer pour faire les manèges que les plus petits ne feraient pas. « Je peux te laisser les manèges à sensation, moi le petit train ça me va très bien. » Une vraie poule mouillée avec peu de courage, Perry n’est pas un grand adepte des manèges à sensation, lui il joue plutôt aux machines pour gagner des peluches et mange des barbes à papa. Son ami pense même organiser cette petit sortie après l’école, histoire de leur faire une vraie surprise et changer du quotidien. Perry s’imagine déjà sortir du travail, filer récupérer ses enfants à l’école et aller à la fête foraine, il n’y a pas qu’eux qui seraient contents. « Mais ouais ! Faut que je vois un jour où je peux me libérer assez tôt histoire de pouvoir aller les chercher directement à la sortie de l’école. » Il essaie d’aller au maximum les chercher quand c’est sa semaine de garde mais parfois il a certains rendez-vous qui finissent plus tard et il doit demander à quelqu’un d’autre d’y aller à sa place.