on voulait connaître nos histoires, combien vaudront vraiment la peine d'être racontées? - gus

On grimpe. Depuis un bon moment déjà. On est parti du parking du mont roundback aux alentours de 13h. On arrive bientôt au sommet. Cette rando, on la connait bien Gustavo et moi. On s'fait ça, de temps en temps. Deux gars aussi sportifs, ça avance vite. On a toujours aimé la connexion avec la nature. Ca m'démange pas mal d'ailleurs de faire des raccourcis sur le sentier, juste pour passer par des endroits plus escarpés, juste pour me confronter à la roche. C'est un appel qu'à toujours été assez violent chez moi. Depuis gamin je grimpais les p'tites falaises en bas de chez moi. Ma mère, elle aimait pas tellement ça, surtout que j'revenais très souvent avec des éraflures aux côtes et aux genoux et j'crois que ça ne m'a jamais quitté ça. Depuis que j'me suis remis en jambe après ma p'tite descente aux enfers en hiver, j'me sens en pleine forme. On avance bien, et en même temps on discute un peu de tout et de rien. Gustavo, mine de rien, ça faisait un p'tit moment qu'on s'était pas capté. C'était mon meilleur pote, ça c'était pas discutable, mais avec le passage à vide que j'avais vécu avec la cocaïne, j'avais un peu fais mon fantôme. J'crois que j'avais pas envie de l'inquiéter, j'crois que j'm'étais juste égaré. Alors là, on avait vraiment renoué et ça faisait un bien fou d'évoluer à nouveau dans son espace. On marche encore une p'tite heure et on arrive enfin en haut de la montagne. La vue est imprenable, même si une p'tite brume de chaleur nous gâche un peu la vue. Pendant la montée, j'ai pas trop chercher à entamer le sujet "Olive" parce que j'sais des choses que lui sait pas que je sais. Et la manière dont j'ai obtenu les informations, j'en suis pas très fier. J'ai peut-être bluffé auprès d'Olive, à une soirée bien alcoolisée, pour savoir ce qui se tramait entre les deux. Si j'suis complètement honnête, j'me souviens plus exactement ce qu'elle m'avait dit. J'sais juste qu'il y a un truc entre eux. Alors j'voulais pas volontairement mettre le sujet sur le tapis, pour pas me cramer. On s'cale sur un rocher, la vue de Bowen en contre bas. "C'est putain de beau." que j'dis d'une manière assez détaché, mon regard porté vers l'horizon. C'est random comme remarque mais c'est juste la vérité. Et puis, alors qu'on reprend un peu notre souffle, j'donne un p'tit coup de coude dans les côtes de Gustavo. "Ces p'tites nanas aussi, là bas, elles sont pas désagréables à regarder." Un p'tit mouvement de tête pour indiquer à Gustavo vers où regarder. J'ai déjà mon p'tit air de charmeur accroché au visage. Bah quoi? On m'refera pas. Jamais.

@Gustavo Castillo

Ça faisait longtemps qu’il ne s’était pas octroyé un moment comme celui-ci, Gustavo. Tout comme Orso, le Cubain a un boulot qui s'intensifie pas mal en été. Une période un peu compliquée étant donné la charge de travail et qui ne laisse pas beaucoup place à des créneaux horaires pour le loisir. Son temps libre, Gus le partageait entre le sport et Olive, quand leurs emplois du temps le permettaient. Il avait pas mal mis de côté le reste, passant quand même une grosse partie de sa semaine à l’hôtel. Pourtant, ces quelques heures avec Orso semblaient nécessaires. Ça faisait bien trop longtemps qu’il n’avait pas passé du temps avec lui, et cette énergie qu’ils avaient tous les deux, elle lui avait pas mal manqué. Combiner sport et moment avec son meilleur pote, c’était le meilleur lancement de journée qu’il pouvait avoir. Puis cette rando ils la connaissaient, il l’avait déjà fait pas mal de fois dans le passé. C’était loin d’être la meilleure rando du monde, Gus, il en avait fait suffisamment dans divers endroits de la planète pour rester assez objectif. Cela dit, le charme d’avoir cette vue seulement à quelque temps de marche de chez eux, ça jouait pas mal dans l’équation. Mine de rien, une fois arrivé au sommet, le Cubain n’avait d’autres choix que d’être d’accord avec Orso. La vue, il ne s’en lasserait pas, ça ne lui semblait pas possible. Les yeux rivés sur le paysage, le Cubain hochait de la tête à la remarque de l’italien. Un peu rêveur, il fallut que son pote lui donne un coup de coude pour le ramener au monde réel. Ne perdant pas le nord, il avait repéré un groupe de filles. Classique. La première réponse de Gustavo fut donc un rire assez franc, mais qu’il tentait de garder discret pour ne pas trop attirer l’attention. “Pas mal, effectivement… Pas mal du tout.” Déclara-t-il en examinant les filles plus bas. Il n’hésitait pas non plus à leur sourire lorsque son regard croisa celui d’une d’entre elles. “Tu veux aller faire opérer ta magie ?” Demanda-t-il à son pote avec un sourire amusé. Il le voyait bien son petit sourire charmeur, là. En bon pote, Gus était prêt à l’accompagner, même si flirter avec ces filles ne l'intéressait pas forcément. Il avait autre chose en tête et pas du tout l’envie de draguer, mais ça l’amuserait quand même de voir son pote le faire. “J’peux faire le wingman, faut juste qu’on trouve un game plan.” Il tentait d’être subtil, Gus. Son but en parlant de wingman, c’était bien de faire comprendre à Orso qu’il ne comptait pas récupérer de numéro s’ils venaient à aborder les filles. Peut-être qu’il allait finir par être obligé de s’expliquer, mais il n’était pas pressé de le faire. Dans tous les cas, ça ne l’embêtait pas d’aller parler à ses filles, intéressé ou non, il savait être charmant. Si ça peut aider Orso, c’est parfait, ça leur donnerait également l’occasion de faire la descente en belle compagnie.

Pendant l'ascension, on avait discuter un peu de tout et de rien. Avec Gustavo, c'était assez simple de toute façon. Nos énergies feataient super bien. On avait pas besoin de grand discours pour passer un bon moment. Et puis, on était pas là pour rigoler, on avait cette p'tite rando à faire. Elle était pas bien compliquée hein, pas pour nous en tout cas. Et puis, à chaque fois qu'on passait à côté d'une roche, d'un truc un peu escarpé, j'me mettais directement à l'analyser, pour trouver une voie, juste pour voir si elle était escaladable. C'était ma p'tite déformation professionnelle mais pas que. D'aussi loin que j'me souvienne, j'avais toujours aimé escalader des trucs. Mais là, on s'en était tenu au sentier et on arrivait en haut. J'trouvais toujours ça beau. Il m'en fallait pas des masses pour que j'sois charmé par la nature. Des arbres, l'océan en contrebas, une belle lumière et hop, j'étais au climax. Et c'qui rendait le tout encore bien plus intéressant, c'est qu'il y avait un p'tit groupe de nanas, pas loin de nous. J'tardais pas à attirer l'attention de Gustavo vers elle et il semblait assez d'accord avec moi, ouais, elles étaient pas mal. "Ouais, surtout elle, là, la brune, avec le short beige et le top vert." J'crois qu'elles nous avait repéré un peu aussi, Gustavo avait même eu un p'tit eye contact avec l'une d'entre elles. Ca y est, j'étais déjà remonté à bloc, l'idée de faire la descente accompagnée de ces filles, ça m'tentait bien. Et si j'pouvais décrocher un 06, c'était encore mieux. Gustavo tarda pas à me proposer d'aller les aborder mais il se positionna en wingman. J'le regardais, en fronçant un peu des yeux. "Wingman? T'es sérieux bro? Tu veux pas être, genre, vraiment d'la partie?" Avant d'établir un plan, fallait que j'éclaircisse ça. En fait, j'avais déjà une -vague- idée de ce qui se tramait chez le cubain, mais comme j'avais promis à Olive, j'dirais rien. J'allais essayer de pas me trahir. "On s'voit pas genre, quoi, deux-trois mois, et tu trouves le moyen de te caser?" J'le regard un peu suspicieux. Admirez le talent d'acting hors norme. Normalement, si j'la jouais fine comme ça, Gus ne se douterait de rien. "Anyway, pas besoin de game plan Gus, on fait c'qu'on sait faire de mieux. L'impro et le charme, tu crois pas?" Y avait pas grand chose dont j'avais peur, alors au pire, si on s'prenait un mur en allant leur parler, si on était pas dans la bonne vibe pour elles, j'pense qu'on allait s'en remettre. Cela dit, j'avais toujours mon p'tit égo d'italien un peu mal placé qui m'empêchait d'imaginer que ça puisse foirer.

@Gustavo Castillo

Ça faisait du bien de retrouver un peu cette énergie des moments entre mecs. Mine de rien, l’italien, il lui avait pas mal manqué après tout ce temps sans se voir. Ils avaient pas mal de trucs à rattraper tous les deux. La marche jusqu’au sommet avait été relativement calme cela dit. Les deux étaient focus sur le trajet et Orso regardait pas mal chaque parcelle de terrain qu’il pourrait escalader. Les grosses discussions n’étaient pas vraiment venues sur le tapis. C’est un peu le lot quand on fait une rando, les discussions s'enchaînent naturellement, rien de forcé, ça suit juste le courant de la marche. Et une fois au sommet, ce n’était pas vraiment la vue imprenable qui accaparait l’attention des deux hommes, mais les jolies filles pas loin. La vue, ils l’avaient un peu regardé quand même, mais quand on habite à Bowen, c’est assez accessible pour qu’ils aient ça sous les yeux bien souvent. Pas comme les filles qui semblaient bien plaire à Orso. Les regards s’attardaient sur elles alors que le brun décrivait celle qui lui faisait le plus de l'œil. Gus, il riait gentiment, l’envie de draguer étant bien sorti de son système, mais quand même prêt à accompagner son pote. “Je ne sais pas comment tu dragues quand il n'est pas minuit passé, mec. Tu pourrais en avoir besoin.” Dit-il en riant et en donnant un petit coup de coude amical à Orso. Bien évidemment qu’il le savait capable de draguer même sans être en soirée. On parle d’Orso quand même. “Pourquoi je devrais être casé ? J’ai peut-être juste pas envie aujourd’hui.” Expliqua-t-il innocemment. Ce n’était pas vraiment le moment pour parler d’Olive ou de sa relation avec elle. Mine de rien, c’était devenu pas mal important pour Gus et ce n’est pas le genre d’info qu’on balance à la va-vite avant que son pote n'entreprenne d’aller draguer des filles. À la place, Gus proposait d’élaborer un plan. Comme le disait si bien l'italien, ils n’en avaient pas besoin, mais ça ajoutait un petit côté mission qu’il aimait bien, Gus. “Comme tu le sens mec, j’étais prêt à te vendre comme jamais, mais si tu veux y aller simplement armer de ton sourire, c’est tout aussi bien.” Dit-il avec un sourire amusé aux lèvres. L’impro et le charme, c’était sûrement la spécialité de ces deux zozos de toute façon. Ce n’était pas forcément pour le risque qu’il parlait de ça, le Cubain étant persuadé que les numéros, ils pouvaient les avoir facilement. Déjà chacun de leur côté, ils n’avaient pas trop à se plaindre, mais tous les deux en même temps, c’est un duo de choc. “On pari combien que t’arrive pas à choper un numéro en moins de 15 minutes si t’y vas seul ?” Demanda-t-il avec un petit air de défi dans les yeux. Il était quand même bien sérieux, prêt à sortir les billets si Orso réussi le challenge.

On était pas tellement tenable quand on était ensemble, Gustavo et moi. La plupart du temps, on parlait de tout et de rien, on racontait des conneries, on s'laissait vivre quoi. Et forcément, là, en arrivant au sommet de la montagne de Bowen, ce qui attirait notre attention - enfin surtout la mienne - c'était ce p'tite groupe de filles pas très loin de nous. J'avais donné un coup de coude à Gus, pour qu'il regarde en même temps que moi et il nous avait pas fallu plus pour penser d'aller les draguer. J'riais à la remarque de mon meilleur pote. "Ca ressemble exactement à la même chose, sauf que j'ai l'air moins bourré." Pas sûr que ça soit ultra rassurant pour Gus. Généralement en fait, quand j'draguais frontalement, ça donnait jamais rien de bien concluant. Cela dit là, j'me sentais bien poussé des ailes, c'était probablement l'air frais de la montagne. Mais Gustavo, il s'positionnait pas en co-drageur, mais plus en wingman. Moi je savais exactement pourquoi, j'avais une p'tite longueur d'avance sur lui mais j'pouvais pas lui dire. Alors j'me contenais de hausser les épaules. "J'sais pas, parce que toi qui refuse de choper un 06, c'est louche." que j'dis en plissant un peu les yeux. Mais j'm'y attarde pas. J'ai beaucoup, beaucoup mieux à faire. Moi j'opte pour la version : zéro plan. Mais Gus, il m'assure qu'il m'aurait vendu auprès des nanas. J'le regarde suspicieux. "On est jamais mieux servi que par soit même.". J'le connaissais Gus, juste pour déconner, il serait capable de faire volontairement foiré le truc. Alors que j'étais en train d'me lancer, Gus, il me fait me rassoir avec sa proposition. "Prépare tes biftons mon pote, parce que j'vais remporter ce pari HAUT LA MAIN. Regarde faire l'expert." que j'dis en lui donnant une bonne tape dans l'épaule. Wo, j'suis bien confiant là. Mais j'suis a peu près sûr de mon sex-appeal, de la qualité de mon sourire alors j'fonce. J'sais que Gus, il compte le temps là, et j'm'approche des nanas. Elles sont pas hostiles, elles sont même plutôt réceptives. Ca va être d'une facilité déconcertante. Que j'crois. Déjà, le premier red flag, c'est que la meuf qui m'plait, c'est pas la plus enjouée. J'entame la discussion, j'flexe un peu, j'me la joue cool. Les minutes s'écoulent, c'est des touristes, alors j'leur donne des p'tits tips pour sortir dans les environs. Et finalement, j'propose qu'on se retrouve plus tard, dans un bar. Il y a bien qu'une nana qui me parle vraiment et plus ça avance, et plus j'sens que ça va être foireux. Foireux à tel point que lorsqu'elle me dit un truc du genre : mon numéro, tu le donneras à ton pote, là bas? Ca s'rait cool. Ah, ouais. Très cool ouais. J'souris, mais au fond, j'ai le seum intersidéral. La nana, elle sort un bic et elle m'écrit son numéro dans la paume de ma main. Y a moins de quinze minutes qui se sont écoulées quand je reviens vers Gus. Clairement, il a vu que la nana m'a donné son numéro, j'pourrais bien lui cacher la vérité, et pas lui dire que finalement, c'était pour lui. Mais j'crois que j'suis pas assez bon comédien pour ça. Alors j'me rassoie vers lui. En vrai, j'ai bien envie d'me marrer mais j'suis un poil trop vexé pour ça. "Putain, mec, j'ai le seum." que j'dis en ouvrant ma paume de main pour lui montrer. "Il est pour toi, ce putain de numéro." J'ai un rictus au coin d'la bouche, parce que c'est cocasse, mais quand même quoi. C'est fucking unfair.

@Gustavo Castillo

Ça faisait pas mal, moment hors du temps, cette petite marche avec Orso. Ils se retrouvaient, tout simplement. Deux potes qui ne se sont pas vus depuis longtemps, mais qui agissent comme s’ils avaient été ensemble la veille. Les deux riaient, arrivés au sommet du mont, regardant les jolies filles. Ouep, pas grand-chose n’avait changé. Pour le coup, Gus, il était pas du tout intéressé pour les filles plus loin, pour une raison bien précise qu’il ne jugeait pas bon de révéler à ce moment précis. Alors il se contente de rire avant de lancer un défi à Orso. Ça rajoutait encore un peu plus de piquant à toute cette histoire déjà bien marrante. “Ne viens pas pleurer quand l’expert, il me devra un billet de 50.” Dit-il en riant avant que son pote ne parte en direction des filles. Perché sur son rocher, il regardait la scène, d’un œil attentif et amusé. Bien évidemment qu’il avait regardé sa montre, juste pour être sûr. En attendant d’avoir le verdict, il en profitait pour sortir son portable, jamais bien loin de son travail. Ça lui octroyait quelques minutes pour répondre à des messages, tout en gardant un œil sur son pote. De là où il était, c’était bien impossible de savoir dans quel sens tourné la situation. Pourtant, une des filles finies par sortir un crayon et Gus, il pensait sincèrement que c’était plié pour son pote. Il en était si convaincu qu’avant même qu’Orso soit à ses côtés, il avait sorti son portefeuille de sa poche. Quelle ne fut pas sa surprise quand il lui annonça que le numéro, il était en fait pour lui. Un bon éclat de rire passa entre les lèvres du Cubain. “Bien joué l’expert !” Qu’il dit en riant, bien faire de pouvoir lui rabattre son propre mot. La situation était plutôt cocasse, faut bien se l’avouer. “Tu m’aurais rien dit je t’aurais filé le billet sans m’poser de question en plus.” Annonça-t-il ensuite, toujours aussi amusé. Il avait été bien fairplay dans cette histoire Orso, parce qu’il aurait pu faire le beau, mais il avait choisi l’honnêteté. Alors Gus, il se relevait avant de donner une petite tape encourageante dans le dos de son ami. “Est-ce que finalement la meilleure approche ce n'est pas d’approche du tout ?” Demanda-t-il en riant. Bien évidemment que la réponse était non. Il avait bien raison de tenter Orso, même si ça n’avait finalement rien donné. C’est pas les filles qui manquent à Bowen, il ne s’en faisait pas une seule seconde pour son pote. “Ou alors c’est peut-être d’être pris… Genre tu level up direct.” Ajouta-t-il avec un petit sourire amusé, confirmant au passage les soupçons de son ami quant à sa situation. Il n’était pas officiellement en couple, Gus, mais c’était tout comme. Alors dire qu’il était pris, c’était le juste-milieu.

J'étais parti gonflé à bloc pour aller récupérer le numéro de téléphone d'une des nanas qui s'trouvait avec nous au sommet du Mont Roundback, mais tout ce que j'arrivais à chopper, c'est un bon gros seum. J'aurais pu, hein, faire le beau auprès de Gustavo, pour lui faire croire que j'avais réussi, puisque techniquement, j'avais obtenu un 06, mais j'étais trop honnête pour ça. Si si, j'vous assure. Avec Gustavo, j'voyais pas l'intérêt de raconter des conneries. C'était plutôt cocasse comme situation, même si là, j'arrivais pas tellement à en rire. Mais finalement, en entendant Gus rigoler, j'pouvais pas faire autre chose que d'éclater de rire à mon tour. J'secouais la tête. "L'expert à deux balles ouais. J'suis parti trop confiant j'crois." que j'rajoute avec le sourire. Gustavo, il avait déjà sorti son porte-feuille et il aurait été prêt à m'donner du fric pour mon exploit, si j'avais pas dit la vérité. "Ouais, mais ça aurait été de l'argent salement gagné tu vois. J'pouvais pas te trahir comme ça." Finalement, Gustavo se relevait, j'lui emboitais le pas. On allait pas rester ici des lustres, fallait qu'on redescende et clairement, rester dans l'espace des nanas après mon vent intersidéral, c'était pas ultra confortable. Il m'donna un tape amicale et j'riais à sa réflexion. "Ca m'empêchera pas de recommencer j'crois bien. Une fois que je ne serais plus vexé!" L'approche, c'était en soi le plus difficile, surtout là, avec des filles qui avaient rien demandé. Même s'il y avait eu quelques eyes contacts, j'partais quand même loser avant même d'avoir engagé quoi que ce soit. Mais j'allais pas resté la dessus. C'était pas mon genre d'me morfondre. Gustavo rajouta quelques mots et j'le regardais directement en coin, avec un p'tit sourire amusé, plissant les yeux. Genre ouais, j'le savais qu'il se passait un truc avec Olive, mais j'étais pas censé être au courant. Il m'lâchait l'info comme ça, alors qu'il aurait pu le faire plus tôt, quand j'lui avais lancé une perche. "Ah ouais? Tu crois que genre c'est ça qui fait qu'ton aura elle est décuplée?" J'marque une pause, et j'le regarde amusé. "J'en étais SUR que c'était pas juste que t'avais pas envie de draguer aujourd'hui." J'lui fais un p'tit signe de tête pour l'inciter à commencer la descente. A peine on a fait quelques pas, que j'reprends la parole. "Héé alors, c'est qui cette nana avec qui tu es pris?" que j'lui demande, bien innocemment. J'le savais parfaitement qui c'était. J'savais pas encore à ce stade de la conversation si j'allais finir par lui avouer que j'étais au courant pour lui et Olive. J'sais pas comment il le prendrait que j'ai un peu manipulé Olive pour avoir cette information. J'le connaissais Gus, il m'connaissait aussi, moi et mes manigances, mais j'savais pas à quel point c'était important et sérieux entre eux. Et puis, aussi, j'avais fais une promesse à Olive, accessoirement. Et j'voudrais pas être le type qui fait tout foirer. J'voyais pas l'intérêt.

Un excès de confiance, c’est juste ce qu’il avait fallu à Orso pour se brûler les ailes. Bon, en réalité ce n’était que partie remise. L’italien n’était pas connu pour avoir froid aux yeux. Il lui suffirait seulement de quelques heures, voir même que de simples minutes avant que son cerveau ne reset et qu’il soit prêt à repartir comme en quarante. “C’est bien, t’es fair-play, c’est tout à ton honneur.” Acquiesça le Cubain sans lâcher son sourire amusé. “A défaut d’être charmant, faut croire que t’es au moins fair-play.” Ajouta-t-il en riant un peu plus franchement. Forcément, qu’il allait entendre parler de cette histoire pendant un petit moment. Ce serait trop facile de laisser les choses couler sans se foutre un peu de sa gueule. Orso avait beau se dire un peu vexé, si son ego en avait pris un coup, Gustavo savait très bien qu’il allait vite se remettre en selle. Après tout, c’est peut-être ce même ego qui allait le pousser plus vite que prévu, histoire de ne pas rester sur une défaite. En attendant, ils prenaient tous les deux le sens de la descente. C’est à ce moment que le Cubain se décidait enfin à passer aux aveux. Cette histoire avec Olive, il l’avait gardé pour lui bien assez longtemps, il pouvait bien en parler. Il le faisait sous forme de blague, comme si c’était anodin, mais il se doutait bien que les questions suivraient. “Ouais, je pense qu’elles le sentent… On veut toujours ce qu’on ne peut pas avoir, non ?” Continua-t-il en riant. Il jouait un peu les nonchalants alors qu’Orso, lui, semblait bien décidé à avoir des infos à présent. Le rire de Gustavo se fit entendre doucement, suite aux remarques de son pote. C’est vrai que Gustavo qui n’a pas envie d’aller draguer, c’est comme une femme qui arrête soudainement de boire de l’alcool: ça peut sembler louche. “Tu vas peut-être trouver ça étonnant… Ou pas d’ailleurs.” Commença-t-il, sans vraiment savoir comment parler de tout ça. Ça avait été tellement un chamboulement cette histoire avec Olive, qu’il ne savait pas trop comment l’expliquer. Ça leur était tombé dessus et après ça s’était enchaîné, comme un effet boule de neige qui ne semblait pas ralentir. “C’est Olive.” Dit-il simplement. Il n’allait pas passer trois heures à tourner autour du pot non plus. C’est pas trop son genre à Gus, de faire durer le suspens. “C’est tout nouveau, donc évidemment que ça reste entre nous.” Précisa-t-il tout de même. L’espace de quelques instants, il préférait être sérieux, parce que ça semblait important que ça reste pour eux, encore quelque temps. Il était content de pouvoir le dire à son meilleur pote, parce qu’il savait qu’il n’allait pas le crier sur tous les toits et qu’il saurait garder le secret. Du moins, il l’espérait pas mal.

J'ai pas cherché à mentir, de toute façon, j'avais trop le seum pour tenter de camoufler quoi que ce soit. Et en vrai, s'prendre des p'tits vents comme ça, de temps en temps, ça m'remettait un peu les idées en place. Non, je n'étais pas irrésistible, et non toutes les nanas n'étaient pas acquises juste avec un sourire. Ca allait pas changer la face du monde et d'ici quelques instants, j'allais oublier. J'étais vexé certes, mais j'allais clairement pas m'apitoyer sur mon sort. C'était pas mon genre. La remarque de Gustavo me fit bien rire. J'me prenais un p'tit taquet au passage mais j'voulais pas lui en vouloir, je l'avais cherché en jouant les tombeurs. "Fair play ouais, mais l'égo a pris un p'tit coup, j'vais pas te mentir." que j'rajoute en riant alors qu'on prend le chemin de la descente. On laisse les filles derrière nous et on entame la randonnée en sens inverse. Et pis là, Gus, il sort, très tranquille, que c'est probablement parce qu'il est pris que la fille l'a senti et qu'elle lui a donné son numéro. Ca m'fait tiquer forcément. Sa remarque m'amuse. "Ouais, faudrait que j'me trouve une nana, juste pour ça, pour faciliter le truc." Mais quelle brillante idée .. j'y songeais premier degré un p'tit instant avant de me re-concentrer sur ce que m'avait dit Gus. Bien sûr que son manque d'envie de draguer n'était pas juste lier à son mood. Il y avait une raison. Et il m'la donnait enfin. J'le savais déjà. Mais j'pouvais pas lui dire que je savais. Pas toute de suite en tout cas. J'attendais maintenant, de voir comment il voyait les choses Gus. Parce que dans mes souvenirs un peu vaporeux de la soirée avec Olive, ça semblait pas hyper clair, pas hyper officiel entre les deux. Gus commença, et je l'écoutais. J'jouais la surprise, mais pas trop, parce que ouais, Gus et Olive, ils étaient vraiment amis et j'avais pu voir à plusieurs reprises qu'ils avaient une belle énergie entre eux. "Oh, ok. C'est pas si étonnant, effectivement. Enfin j'crois pas." que j'dis, un peu songeur. Je hoche la tête à sa phrase d'après. "Ouais, bien sûr, j'vois pas trop à qui j'pourrais le dire, en vrai." J'étais un peu branché potin, j'étais jamais en reste d'apprendre des trucs, la preuve en est la dernière fois avec Olive, mais j'voyais pas tellement qui ça pourrait intéresser dans mon entourage. J'lui donnais une p'tite accolade sur l'épaule tandis qu'on marchait. "En vrai, j'suis content pour toi, bro, elle est chouette Olive." que j'rajoute. J'hésitais vraiment à lui dire que j'étais déjà au courant. Et après tout, c'était mon meilleur pote, j'crois qu'il en voudrait ni à Olive ni à moi. Ca avait rien changé à leur histoire et j'voyais pas tellement quel genre de tension ça pourrait rajouter qu'il le sache. On continue de marcher, et presque innocemment, alors qu'on avait trouvé un p'tit temps de silence, je rajoute : "j'avais p'tete cramé deux trois trucs de vous deux."  J'regarde Gus, avec un p'tit peu de malice dans les yeux, attendant sa réaction, voir si Olive, elle avait craché le morceau avant moi.

@Gustavo Castillo

Boys being boys, c’était un peu ça, là, avec Orso. Les rires fusaient entre les deux potes. Un petit pari pour les mettre de bonne humeur, le grand air, un beau paysage et surtout des échanges de conneries comme il le faut. “Te connaissant, tu serais capable d’en trouver plusieurs, fais gaffe.” Dit-il en riant.  Orso en couple, il avait quand même un peu de mal à le concevoir sur du long terme et connaissant l’énergumène, il serait bien capable de se mettre dans des histoires pas possibles si ça venait à arriver. Il plaisantait pas mal, Gus, mais au fond, tout ce qu’il souhaitait pour son pote, c’est de trouver comme lui quelqu’un qui lui donne envie d’arrêter de draguer à tout-va. Gus, il avait déjà eu ça avec Haley, quelques années auparavant et maintenant, rebelote avec Olive. L'âge avait permis qu’il se calme, loin de ses frasques de son début de vingtaine. Le Cubain n’était pas trop étonné qu’Orso ne soit pas surpris par la nouvelle. En fait, c’était peut-être eux les plus surpris dans l’histoire, avec Olive. Ça leur était tombé dessus un peu du jour au lendemain. “Avec le boulot et tout… C’est pas la situation la plus simple, je t’avoue.” Ajouta-t-il pour mettre du contexte à sa demande de silence. Il avait entièrement confiance en son pote, il savait très bien qu’il n’allait pas potiner avec n’importe qui sur toute cette histoire. Pas sûr que ça intéresse grand monde de toute manière, sauf les employés de l’hôtel. Une chose est sûre, il était content de la réaction d’Orso. Mine de rien, il aurait pu lui rappeler lui aussi la dangerosité de cette relation, le danger que ça pouvait représenter pour leur amitié, mais non, l’italien voyait plutôt le côté positif. “Je suis content aussi.” Dit-il avec un grand sourire sur le visage. “C’était pas évident au début… Trouver le rythme et savoir si c’était une bonne chose… Pour ne pas mettre en péril notre amitié et tout ça, mais je suis vraiment bien avec elle.” Ajouta-t-il avec un petit sourire mi-fier, mi-timide. Ça lui faisait quand même bizarre d’en parler. C’était aussi salvateur qu’étrange. Jusque-là, il n’avait fait que vivre cette histoire, analysant dans son coin, se prenant un peu trop la tête par moment. Alors là, en parler de vive voix, c’était assez libérateur. Orso finit par avouer qu’il avait cramé quelques trucs et ça rendait le Cubain bien curieux. “Ah ouais ? Quoi ?” Demanda-t-il en relevant un regard intrigué vers son meilleur ami. “On a essayé d’être discret pourtant...” Il grimaçait légèrement, se relançant dans une analyse poussée de ses faits et gestes.

Draguer, faire des p'tits plans pour attirer l'attention sur moi, passer des soirées à faire des regards en coin à une belle nana, ça faisait partie de mes habitudes. C'était un peu mon mindset constant concernant les filles. Autrement, j'savais pas faire. J'savais pas dealer avec des sentiments. On sait tous ce que ça m'avait valu, avec Maxine. Alors j'prenais bien soin maintenant de m'embarquer dans rien de sérieux. C'était mon plan d'avenir. Pour la prochaine année du moins. Alors, m'embarquer dans une histoire, simplement pour facilité des potentielles relations éphémères, c'était définitivement pas sérieux. J'avais jamais réellement envisager cette possibilité et Gus manqua pas de souligner que ça risquait de se transformer en relation multidimensionnelle. J'riais et j'acquiesçais. "Ouais, c'est un coup à c'que ça devienne encore plus le bordel. bad idea I guess." En tout les cas, ce qui était sûr, c'est que maintenant, c'était bien officiel du côté de Gustavo et Olive. Il avait pas mal tardé à me lâcher le morceau mais j'crois que c'était quand même bien important pour lui, comme ça l'était pour Olive. J'l'savais ressenti, quand on en avait parlé avec Olive. Elle avait balisé quand elle avait capté que j'avais prêché le faux pour avoir le vrai, et j'avais bien capté que c'était parce qu'ils y tenaient, à leurs histoires tous les deux. Ni l'un ni l'autre n'avaient vu le truc venir. Les débuts, c'était toujours un peu bancale, surtout qu'ils étaient amis avant et accessoirement ils travaillent ensemble. C'était marrant de voir Gustavo avec ce petit air un peu timide à l'écouter me parler de sa relation. J'crois que c'était la première fois que j'le voyais comme ça. "C'qui compte c'est que elle et toi vous soyez bien, maintenant." que j'dis un peu songeur avant de réaliser le truc bien gnagna que j'venais de lâcher. Je riais de ma propre réflexion et j'donnais un coup de coude dans les côtes de mon meilleur pote. "Putain, pourquoi j'sors des trucs comme ça moi? Ton p'tit air amoureux là, il déteint sur moi!" J'me décalais d'un mètre avec un air faussement dégouté, comme s'il portait la peste. Comme si l'amour me rendait malade. Ouais un peu mais en vrai, j'trouvais leur truc, à tous les deux, bien touchant. J'appréciais probablement plus de voir l'amour chez les autres que dans ma propre personne. Puis j'finissais par lâcher l'info selon laquelle j'avais grillé des trucs auparavant. C'était pas tant qu'ils n'avaient pas été discret, c'est juste que j'avais fais mon fouineur, profitant de l'ivresse d'Olive. J'voyais bien que ça attisait la curiosité de Gus. "J'vous ai pas grillé tous les deux, en fait." que j'dis pour tenter d'éclairer Gus alors que j'rajoutais juste du mystère en plus. "Tu m'promets que tu vas pas me défoncer?" que j'dis avec un p'tit air amusé. J'imaginais mal Gustavo me foutre une droite, mais j'préférais entendre sa promesse avant de poursuivre. Cela dit, c'était p'tete Olive qui allait m'en mettre une à l'occasion, quand elle allait savoir que j'nous avais balancé.

@Gustavo Castillo